Interview de Burton au sujet de Big Fish
Il était une fois un magicien des images dont chaque nouvelle histoire est attendue pour imaginer de nouveaux rêves. En 1989, personne ne misait sur un film de super-héros et contre toute-attente une déferlante batmania d’objets dérivés suivirent le film Batman. L’auteur de ce miracle c’est Tim Burton que l’on connaît pour d’autres univers étranges comme ceux de Beetlejuice, Edward Aux Mains D’argent, Mars Attacks ou encore Sleepy Hollow.
De passage à Paris pour présenter son nouveau film Big Fish, Tim Burton s’est prêté aux questions de quelques aficionados de ses films. Rencontre avec un cinéaste passionné et passionnant.
UN UNIVERS ONIRIQUE…Tim Burton avoue volontiers qu’il a parfois du mal à s’exprimer avec des mots. C’est sans doute une des raisons qui l’a poussé à réaliser plusieurs croquis et dessins des personnages de Big Fish pour les expliquer à ses acteurs. Il aime le mélange du réel et de l’irréel, mais quand c’est possible il préfère le vrai à la technologie. Une scène de son nouveau film se passe dans un immense champ de jonquilles. Et plutôt que de faire appel aux effets spéciaux numériques, il a choisi d’aller chercher des milliers et des milliers de jonquilles dans cinq états.
Quand il s’agit de filmer un acteur, Tim Burton préfère le filmer dans un décor bien réel. Déjà pour Batman Le Defi il avait organisé un plateau de tournage réfrigéré pour environ 70 vrais pingouins et pour se passer de trucages. A propos de certains personnages de Big Fish, il ne se pose pas vraiment la question de savoir s’ils sont réels ou pas. Malicieusement il ajoute qu’on devrait se poser cette question sur Arnold Schwarzenegger gouverneur de Californie ou George W. Bush voulant conquérir la planète Mars.
DES HEROS TOUCHANTS ET SENSIBLES…Souvent dans sa filmographie apparaissent des personnages mélancoliques et solitaires. Tim Burton fait remarquer qu’il rencontre des gens comme ça. Par exemple, l’acteur qui interprète le rôle du géant doit affronter dans la vie quotidienne les regards bizarres des autres du fait se sa taille très inhabituelle. Le cinéaste confesse qu’il écrit toujours des histoires avec des êtres tristes et différents, mais pas de quoi pour l’instant en faire un livre. On conseille d’ailleurs le recueil paru qui rassemble des textes et des dessins du cinéaste. "La triste fin du petit Enfant Huître (et autres histoires)" est rempli de contes tendres et cruels à propos notamment d’une petite fille avec plein d’ yeux ou d’un enfant toxique.
UNE PASSION POUR LE DESSIN-ANIME…Tim Burton après une école d’art débuta dans les années 70 dans l’animation dans les Studios Disney. Il déplore que ferment les studios d’animation 2D pour cause de non-rentabilité face aux films d’animation en 3D par ordinateur. Il a été directeur artistique et producteur sur plusieurs films d’animation comme L’etrange Noel De Monsieur Jack ou James Et La Peche Geante. Il espère voir un jour un film animé classiquement faire un succès pour éviter que le style d’animation 2D traditionnel ne soit abandonné. Il n’a pas encore pu voir Les Triplettes De Belleville mais ça ne saurait tarder car ça l’intéresse beaucoup.
DES ACTEURS TROIS ETOILES…Big Fish c’est aussi une histoire d’amitié derrière la caméra. La musique a été confiée à Danny Elfman. Tim Burton dit de lui que c’est un ami fidèle et talentueux, il a d’ailleurs composé la musique de presque l’ensemble de ses films (sauf Ed Wood). On retrouve dans ce nouveau film pour la troisième fois Danny De Vito après Batman Le Defi et Mars Attacks. Helena Bonham Carter sa compagne est aussi de l’aventure avec Ewan Mcgregor, Jessica Lange, Billy Crudup ou encore Alison Lohman.
On n’a pu s’empêcher de le questionner sur la présence de Marion Cotillard au casting de son nouveau film. Il précise en plaisantant que ce n’était pas une française qui débarquait à Hollywood puisque Big Fish se tournait en Alabama. Elle s’est extraordinairement bien entendue avec l’équipe technique. Il confie avoir trouvé chez Marion Cotillard une capacité rare à émouvoir tout comme certains acteurs des vieux films muets. Elle aurait de plus une certaine obsession pour les canards, ce qui n’a pas manqué de l’intéresser.
Propos recueillis par Christophe Maulavé – Paris, Février 2004
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